Atarashii Dôga : Mittsu no Hanashi

(inédit)
Fiche technique
Nom originalAtarashii Dôga: 3-tsu no Hanashi (新しい動画 3つのはなし)
Nouvelle animation : trois histoires
OrigineJapon
Année de production1960
ProductionNHK Enterprises
Durée30 minutes
Auteur conte Hirosuke Hamada 1er conte, Kenji Miyazawa 2ème conte, Mimei Ogawa 3ème conte
RéalisationKeiko Osonoe 1er conte, Makoto Wada (2) 2ème conte, Shûichi Nakahara 3ème conte
ProductionSumio Gotôda
AnimationKeiko Osonoe 1er conte, Makoto Wada (2) 2ème conte, Shûichi Nakahara 3ème conte
MusiquesNorio Maeda 1er conte, Keitarô Miho 2ème conte, Kiyoshi Yamaya 3ème conte
PrésentationMeiko Nakamura
Synopsis

Premier conte « La troisième assiette » (Dai-san no sara)

Lors de la création du monde et de l'univers (dans le sens biblique du terme), et suite à la création de la Terre, un petit ange se voit confier la tache de donner naissance aux corps célestes. Dieu offre ainsi à l'être ailé, une à une, trois assiettes que ce dernier se doit de déposer sur un petit nuage au plus haut du ciel. La première assiette contient une flamme toute vibrante de sa chaleur qui, posée à l'endroit désigné, donne vie au Soleil. Dans la deuxième assiette, Dieu a versé du sable argenté qui une fois arrivé à destination s'élève du plat pour former la Lune. Quant à la troisième assiette qui contient du lait versé d'une bouteille, elle échappe des mains du petit ange jouant quelque peu à l'équilibriste lors du cérémonial, sa petite maladresse provoquant alors la naissance de la Voie lactée avec le lait déversé et des étoiles nées des éclats de l'assiette brisée.

Bien que ce conte met en perspective la création de l'univers par Dieu, il intègre dans son récit les effets du hasard qui pourrait être à l'origine de l'univers et qui fait partie de la physique quantique, loi et déterminisme étant aussi associés au hasard.

Deuxième conte « Oppel et l'éléphant » (Otsuberu to Zô)

Un jeune éléphant incrédule devient le prisonnier et l'esclave d'un riche possesseur de terres. Ce dernier fait ainsi croire à l'animal qu'il se doit d'être heureux de sa condition, d'autant plus qu'il lui a offert une décoration – en fait un boulet attaché à l'une de ses pattes pour l'empêcher de fuir – tout en le faisant travailler de plus en plus. La nuit, éprouvé par cette existence, l'éléphant prie « Santa Maria » en s'adressant à la Lune (l'éléphant blanc, incarnation de Bouddha, priant la vierge Marie...). Celle-ci lui répond enfin un soir et lui conseille d'envoyer une lettre à ses amis pachydermes qui, peu après avoir reçu cet appel au secours, accourent en nombre et le délivrent de sa prison.

En ce conte, son auteur Kenji Miyazawa souligne un des aspects négatifs du système capitaliste et la manipulation des puissants sur les plus faibles.

Troisième conte « La ville endormie » (Nemui Machi)

Un jeune voyageur prénommé Kei (K-shônen) parcours le monde. Il arrive un jour à Nemi Machi, cité étant connue sous le nom de « ville endormie ». Celle-ci est d'apparence abandonnée avec de vieux bâtiments, certains même étant endommagés. Il règne en ce lieu mystérieux un grand silence et on ne distingue aucun signe de vie ou d'activité humaine, si ce n'est la présence d'un chien errant. Il est dit également de cet endroit qu'il endort tous les êtres qui y pénètrent et c'est pourquoi personne n'ose s'y aventurer. Aussi, la curiosité du jeune Kei qui ne craint pas la peur véhiculée par les rumeurs le pousse malgré tout à visité le lieu, et malgré sa résistance à ne point s'endormir alors qu'il fait encore jour, et tout en découvrant une ville marquée dans nombre de ses aspects par la mort, ses forces commencent par l'abandonner et il finit par tomber dans les bras de Morphée. Puis, alors que la nuit s'installe, il est réveillé par un vieil homme à la barbe blanche et dont les vêtements tombent en lambeaux : celui-ci se présente comme le maître des lieux, le bâtisseur de cette cité qu'il occupe depuis l'Antiquité... Il dit à Kei qu'il est triste de voir les arbres de la région disparaître afin de servir pour la construction d'une voie ferrée et qu'il se désespère de l'humanité qui agit négativement sur la nature. Alors il demande à Kei, en grand voyageur qu'il est, d'aller répandre de par le monde le sable du sommeil qu'il a rapporté du désert de la lassitude afin de protéger la planète de l'humanité. Kei accepte sa demande et après avoir répandu le sable ici et là afin de résoudre des problèmes liés aux manifestations et technologies humaines dont il fut le témoin (une fois il déposa du sable sur une voie ferrée nouvellement posée là où auparavant il y avait des arbres majestueux et l'acier commença à rouiller, une autre fois il lança du sable sur une automobile qui manqua de peu de tuer un jeune moine, et une fois encore il aida des ouvriers épuisés à se reposer en jetant du sable sur le chef de chantier qui s'endormit aussitôt...), il s’en retourne à la ville endormie et constate avec surprise que la cité s'est développée industriellement, les humains y étant devenus très actifs.

Ce conte semble peu optimiste puisqu'il suggère que quoi qu'il arrive, le progrès et surtout les dérives qu'il engendre ne peuvent être stoppés.

Commentaires

Cet ouvrage télévisé de la NHK diffusé en noir et blanc le vendredi 15 janvier 1960 est considéré comme l'une des toutes premières productions utilisant le procédé de l'animation à la télévision japonaise (il s'agit en partie d'animation de papiers découpés). Toutefois, depuis 1953, cette télévision japonaise a déjà produit de nombreuses publicités en dessins animés et quelques autres expérimentations ont eu lieu, notamment en 1957-59 avec la série Manga News (un épisode de 2 minutes proposait de découvrir une actualité du jour sous les illustrations d'un mangaka comme Takashi Yanaze ou d'un illustrateur de livres pour la jeunesse comme Noboru Baba, avec des dessins fixes dont le décor s'illustrait à l'écran avec la main de l'artiste et accompagnés de personnages en papier découpé), et en 1958 avec le court-métrage réalisé également en papier découpé Mogura no Abanchûru (Les Aventures d'une taupe, 9 minutes) de Hiroshi Washizumi produit avec de vives couleurs par NTV et diffusé le 14 juillet 1958 et le 15 octobre suivant sur ladite chaîne, en noir et blanc.
Il y eut peu après Instant History (1961-62, Fuji TV) et Otogi Manga Calendar (1962-64, TBS), une seule et même série dont le nom fut modifié quand elle changea de chaîne. Les épisodes étaient de courte durée (3 minutes) et proposaient un programme éducatif sur l’Histoire, les séquences d'animation étant accompagnées de nombreuses photos et extraits de films. Cette production fut le fruit du mangaka Ryûichi Yokoyama qui avait créé en 1955 le studio d'animation Otogi. Puis le 1er janvier 1963, la véritable première série d'animation japonaise s'installera sur le petit écran nippon avec Tetsuwan Atom d'Osamu Tezuka, l'illustre mangaka lançant ainsi ce mouvement de l'animé télévisé qui perdure encore. Notons que Tezuka admirait Yokoyama (à l’école, il dessinait le célèbre personnage de Fuku-chan pour ses camarades) et fut influencé par la création de son studio dont il récupérera quelques éléments à la formation du sien en 1961, comme le réalisateur et animateur Eiichi Yamamoto.

Le programme Mittsu no Hanashi d'une durée de 30 minutes – que l'on peut qualifier de court-métrage composé de trois histoires – propose l'adaptation de trois œuvres littéraires : Dai-san no sara (La troisième assiette) d'après Hirosuke Hamada (1893-1973) réalisée par l'écrivaine, illustratrice et conceptrice de poupées et peluches Keiko Osonoe (1935-2011, elle a également écrit des chansons pour Minna no Uta), Oppel tozô (Oppel et l’éléphant) adaptant « L’éléphant blanc » de Kenji Miyazawa (1896-1933, issu du recueil Le Diamant du Bouddha aux éditions du Serpent à plumes en 1997, et précédement traduit en français en 1990 sous le titre « Opbel et l'éléphant » dans le receuil Le Train de la Voie lactée aux éditions Critérion) réalisé par l'illustrateur, satiriste et réalisateur Makoto Wada (1936-2019), et Nemui machi (La ville endormie) de Mimei Ogawa (1882-1961) réalisée par Shûichi Nakahara (Tao Tao).

Le style graphique du premier conte est très simple, proche par exemple, et pour rester dans le thème de la création, des dessins d'un Jean Effel. Les personnages sont fait de papiers découpés animés image par image. Le deuxième conte est de même très peu animé, les illustrations et quelques éléments découpés suffisant à donner tout son sens à l'histoire soutenue par la voix de la narratrice jonglant avec les voix des personnages. Le troisième conte est lui aussi constitué d'illustrations fixes avec un graphisme touchant au suréalisme et accompagné comme les deux autres courts par une composition musicale inspiré par le jazz.

Les trois écrivains qui furent sélectionnés pour donner corps à ce programme qui utilisait pour la première fois à la télévision japonaise la technique d'incrustation (lors des petites scènes de présentation entre les courts-métrages) sont parmi les plus appréciés et respectés dans le domaine de la littérature jeunesse au Japon, et si Kenji Miyazawa a vu plusieurs de ses recueils traduits en France depuis quelques décennies et qu'il y est de même connu au travers des adaptations cinématographiques de ses contes (comme Gôshu le violoncelliste d'Isao Takahata), il n'en est pas de même de Hirosuke Hamada, non traduit en France (on signalera parmi moult adaptations de son célèbre conte « Naita aka-oni » – L'ogre rouge qui pleurait –, celle en stop motion réalisée en 1964 par la grande animatrice Matsue Jinbo avec la compagnie Gakken qui produira bien d'autres chef-d'oeuvres en ce genre). Quant à Mimei Ogawa, quelques contes ont été édités dans l'Hexagone depuis peu tels Une sirène chez les hommes à L'Ecole des Loisirs en 2009 et L'Enfant qui était monté au sommet d'un arbre (avec « Le Tonnerre qui gronde au loin ») aux Editions du Lampion en 2014.

L'ensemble des trois contes est enrobé par une Meiko Nakamura faisant office de présentatrice du programme, mais aussi de narratrice des histoires et donnant de sa voix pour les personnages, tout en apportant une belle et douce cohérence d'un récit à un autre (cette actrice et chanteuse, née en 1934, a fait ses débuts à l'âge de deux ans dans la première adaptation du manga de Fuku-chan de Ryûichi Yokoyama avec Enoken, star du comique d'alors). On retrouve, de la première histoire aux deux autres, deux éléments importants jouant sur une certaine harmonie : la Lune passant du premier au deuxième conte et le sable passant du premier au troisième.

Pour conclure, on notera que la NHK diffusa quelques mois plus tôt (à partir du dimanche 11 octobre 1959) une série en prises de vues directes française, l'une des toutes premières séries de l'Hexagone distribuée au Japon, à savoir Le Tour de la France par deux enfants (William Magnin et Claude Santelli, 1957) dont l'introduction de chaque épisode comportait une séquence composée d'illustrations de Noëlle Lavaivre, les dessins étant légèrement animés, ou tout du moins certains éléments découpés et manipulés (dans la 1ère partie, épisode 1 à 13), puis les illustrations étant dessinées à l'image par la main de l'artiste que l'on voit donc à l'écran tracer traits et courbes (2ème partie, épisode 14 à 26, comme alors la série Manga News). Cela n'a probablement pas laissé insensible les programmateurs de la NHK même s'il ne s'agit que de courtes séquences, la chaîne expérimentant alors de plus en plus de techniques touchant à l'animation, notamment et avec ensuite le programme musical Minna no Uta (1961-présent, NHK) produit entre autres par Sumio Gotôda qui produisit Mittsu no Hanashi.

Les images de la galerie sont extraites de la rediffusion du court-métrage le 9 décembre 2013 sur NHK BS Premium.

Auteur : Captain Jack
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Atarashii Dôga: 3-tsu no Hanashi © NHK
Fiche publiée le 08 février 2024 - Lue 2515 fois