Sea Cat

(inédit)
Fiche technique
Nom originalShî Kyatto (シーキャット)
Le chat des mers
OrigineJapon
Année de production1988
ProductionOh Productions
AnimationOh Productions, Taku Production, Dragon Production
Durée22 minutes
Idée originaleTaku Sugiyama
RéalisationTaku Sugiyama
ProductionKôshin Yonekawa cofondateur de Oh! Production
ScénariiTaku Sugiyama
Production déléguéKôichi Murata cofondateur de Oh! Production, Yoshiaki Setô, Taku Sugiyama
Chara-DesignShunji Saida
Direction artistiqueTakamura Mukuo
Direction du sonEtsuji Yamada
DécorsStudio Mukuo
MontageHajime Okayasu
Direction photographieHideo Okazaki
Gén. VO interpreté parTarako Isono
Synopsis

Une chatte vient de mettre au monde trois chatons. Hélas, l'homme à qui elle appartient lui enlève sa progéniture et la met sur une natte en osier qu'il dépose à la surface d'une rivière, laissant le courant emporter la petite embarcation. Un peu plus tard, cette dernière et ses occupants sont aperçus par une petite fille qui tente d'attraper le frêle esquif à l'aide d'une courte branche qu'elle vient de ramasser tout en courant près de la berge... en vain, la petite enfant voyant s'éloigner alors les chatons, impuissante à leur venir en aide.

Le trio arrive ensuite sur une immense étendu d'eau, l'océan Pacifique. Puis le ciel s'assombrit et une tempête commence à bousculer la surface de ce dernier en de très hautes vagues... Un peu plus tard, le calme revenu, un chaton tente et parvient à reprendre place sur la natte, ses deux petits adelphes n'étant plus là... Un dauphin, témoin de la scène, emporte avec lui le chaton qu'il dépose sur son dos et arrivé près des eaux arctiques de l'Alaska, il questionne les diverses espèces animales qu'il rencontre (morses, phoques et loutres de mer) afin de savoir si celui a qui il a sauvé la vie appartient à l'une d'elles.

C'est ainsi que le chaton est recueilli par une maman loutre de mer qui a récemment perdu son enfant. Celle-ci décide de l'élever comme son petit, de le nourrir de son lait et de lui apprendre non seulement à nager, mais aussi à se sustenter lui-même en attrapant des coquillages, et cela en les ouvrant sur son ventre et en les entrechoquant entre eux tout en étant couché sur le dos.
Mais un jour alors que le chaton se promène dans les fonds marins avec son ami le dauphin venu lui rendre visite, tous deux sont témoins d'une étrange scène entre deux choses qui leur sont inconnus : un navire de guerre destroyer et un submersible, le premier lançant dans la mer trois mystérieux objets dont le troisième provoque une forte explosion. Ils constatent alors que le submersible couché sur le sol sous-marin dégage une étrange substance qui noirci l'eau environnante, l'engin comme dans un ultime souffle animal laissant s'échapper un missile qui s'extrait de l'océan et fini par disparaitre au plus haut du ciel... La balade terminée, ainsi que ce mystérieux spectacle, le chaton retrouve sa mère adoptive.

Quelques jours plus tard, le dauphin revient avec quelques-uns de ses amis pour emmener une nouvelle fois le jeune chat – nageant maintenant aussi bien qu'une loutre – se promener en mer, mais cette fois-ci un peu plus loin que la dernière fois. C'est alors, qu'après avoir nager sur une certaine distance, le chaton fait la planche pour se reposer un peu et aperçoit dans le bleu du ciel trois longues trainées blanches suivies d'une explosion. Cette dernière provient du lieu de vie des loutres et de suite le petit chat quitte son ami (qui lui aussi rejoint les siens) pour retourner chez lui. Ce qu'il découvre alors n'est que désolation et à la surface de l'eau flottent de nombreux cadavres de poissons. Le chaton totalement stupéfait n'a pas le temps de réagir qu'une autre déflagration gigantesque à lieu et celle-ci l'arrache à l'océan et le projette dans les airs. Il est alors pris dans un faisceau qui l'attire et l'emmène dans un vaisseau telle une soucoupe volante qui de suite s'envole au plus haut et quitte la planète Terre. Le jeune chat observe alors par un hublot de la soucoupe un paysage qui lui est inconnu et qu'il ne comprend pas, la surface de la planète étant couverte par de monstrueuses explosions : il est le témoin d'une guerre nucléaire totale ! De chat des mers, il devient alors un chat de l'espace, l'histoire prenant fin ainsi.

Commentaires

Ce court-métrage d'animation, produit avec le soutien de l'union des enseignants de la ville de Kishiwada (préfecture d'Osaka) et signé par le studio Oh! Production (cofondé par Kazuo Komatsubara), est une œuvre dont le message est porté sur la paix dans le monde mais aussi sur l'abolition des armes nucléaires. Réalisé en 1988 alors que la Guerre froide (1947-1991) touche à sa fin, la peur d'un holocauste nucléaire étant encore plus ou moins présente dans les esprits (comme dans cette décennie ceux de musiciens tels Donald Fagen avec New Frontier, Ultravox avec Dancing With Tears in My Eyes, Genesis avec Land of Confusion ou Frankie Goes to Hollywood avec Two Tribes), ce petit film s'inscrit dans une mouvance au sein de l'animation japonaise qui depuis une dizaine d'années s'est mise à produire des oeuvres traitant de la guerre et plus précisément celle que connut le Japon sur son sol avec les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagazaki, voir notamment Gen d'Hiroshima, mais aussi ceux d'autres villes comme cette année-là avec Le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata (1935-2018) et Hi no Ame ga Furu (Il pleut des flammes) de Seiji Arihara (1948-) qui œuvrera à plusieurs reprises sur ce sujet.
C'est aussi une histoire sur la destinée d'un petit animal qui au début aurait pu être sauvé par une petite fille (que l'on voit encore dans le générique de fin comme si celle-ci avait réussi à l'extraire des eaux), qui aurait pu mourir noyé comme les deux autres chatons et qui aurait pu également mourir comme ceux qui le sauvèrent ensuite, et qui fut finalement secouru par on ne sait quels êtres vivants venus on ne sait d'où depuis l'espace...

Cette courte aventure débute dès le début du générique et ne donne que très peu d'informations sur son déroulement, les images étant visuellement loquaces (notamment celles avec cet homme abandonnant les chatons à un triste sort avec les yeux de la chatte emplis de tristesse et d'incompréhension). De plus, elle est contée dans une certaine mesure de par la perception que les animaux ont de leur environnement, du monde qui les entoure et des choses dont ils ne comprennent pas la nature et l'existence : comme un navire de guerre, une explosion, voire la fin du monde.

Parmi les sentiments qui nous traversent à la vue de cette œuvre, il y a l'amour qui en émane et la douce poésie qui en découle. La force d'un tel ouvrage d'animation japonais se trouve une fois de plus dans sa délicatesse à retranscrire et transmettre des émotions, le plus souvent simples mais ô combien touchantes. C'est d'autant plus émouvant et bouleversant que comme quelques autres films d'animation produits au Japon depuis la fin des années 1970, notamment par le Group TAC, Sea Cat mêle un style graphique mignon avec une histoire qui est à certains égards d'une absolue et profonde tristesse.

Dirigé par Taku Sugiyama (1937-) pionnier de l'animation qui travailla sur divers travaux d'Osamu Tezuka, cette œuvre bénéficie d'une direction artistique joliment menée par Takamura Mukuo (1938-1992), l'un des maîtres des décors dans le monde de l'animation, avec à la conception de ces derniers le studio qu'il a créé, le Mukuo Studio. Concernant les personnages, ils ont été créés et dessinés par le grand animateur Shunji Saida (1949-, du studio Oh! Production et character designer sur Princesse Sarah). Il avait également fait de même sur ceux du film Gôshu le violoncelliste (1976-82) d'Isao Takahata, la première grande œuvre produite par Oh! Production, et ce tout en travaillant toujours pour Takahata à l'animation de la série restée hélas inédite en France Haha wo Tazunete Sanzenri (1976, Marco ou 3000 lieues en quête de mère) sur laquelle on retrouvait également, comme sur Gauche le violoncelliste, Takamura Mukuo aux décors. Concernant encore Shunji Saida, il a participé deux ans plus tôt avec le studio Oh! Production et Dragon Production à l'animation du téléfilm Elfie qui se déroulait déjà dans le milieu aquatique avec notamment la présence de dauphins (avec également Kazuo Komatsubara à l'animation).

Ce projet fut conçu et mis en lumière dans le même temps que le long-métrage pour un jeune public Umi Da! Funade Da! Niko Niko, Pun (4 janvier 1989, 70 minutes, lui aussi inédit en France). Celui-ci fut produit également par Oh! Production avec à la direction de l'animation Kazuo Komatsubara : il adaptait la célèbre série de marionnettes en costumes de la NHK Niko-Niko Pun (1982-92, 2229 épisodes) avec les personnages Jajamaru le petit chat sauvage, Pikkoro la petite fille manchot de Humbolt et Porori le petit garçon souris (série issue du non moins célèbre programme à destination du public préscolaire Okaasan to Issho créé en 1959). Sans en avoir connaissance, ni document l'attestant, et malgré leur différence de tonalité, il est probable que Sea Cat et Umi da ! Funade da ! Niko-Niko Pun ont été projetés au cinéma ensemble, c'est à dire dans la même séance.

Notons encore que la chanson du générique de début est joliment interprétée par la chanteuse Tarako (Tarako Isono, 1960-) qui, également seiyu (elle est la voix de Talulu le magicien et de Maruko-chan dans leur série d'animation respective), prête sa voix au petit chat des mers (elle chante également en duo dans le générique de fin).
Soulignons aussi que Sea Cat est une œuvre quasiment oubliée dans l'Archipel en 2023 et qu'elle n'est pratiquement par répertoriée sur l'Internet mondial si ce n'est celui japonais et essentiellement sur jmdb et animedb, au point où on ne trouve par exemple aucune information liant la chanteuse à cet ouvrage. A propos encore de Tarako qui aime à chanté de douce ballade, on notera que son univers musical et sa voix sont assez proches de celui de Iruka avec qui elle a par d'ailleurs partagé un ouvrage musical et qui comme elle est auteure-compositrice-interprète et qui elle aussi a touché à l'animation avec le magnifique film Noel's Fantastic Trip / Noel No Fushigi Na Bôken. Les chansons de Sea Cat tout comme celles d'Iruka sont à cet effet saupoudrées d'un amour plein de tendresse et d'humanité teintées de mélancolie.

Un petit chef d'oeuvre inoubliable... oublié...

Auteur : Captain Jack
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Shî Kyatto © Oh Productions
Fiche publiée le 26 juillet 2023 - Dernière modification le 06 avril 2024 - Lue 1103 fois