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Diffusions
| 1ère diffusion hertzienne | 1988 (Canal+) |  
Synopsis
Au sommet d’un escalier à damier se dresse une étrange habitation en forme d’obus. À travers les yeux d’une bête, nous entrons et faisons le tour du propriétaire avant de mourir accidentellement.
Mais qui étions-nous durant cette courte vie ? 
Commentaires
Aujourd’hui oublié, ce programme court diffusé sur Canal+ en 1988 demeure une œuvre pionnière puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de la première série télé en images de synthèse au monde ! Cette pépite d’humour noir minimaliste est due au studio Mac Guff Ligne, aujourd’hui réputé dans le domaine des effets spéciaux pour le cinéma (La Haine, 99 francs…) et de l’animation (notamment depuis l’immense succès de Moi, moche et méchant en 2010 qui donna lieu à un partenariat avec Universal Pictures via la filiale Illumination Mac Guff).Cinq amis – Jacques Bled, Thierry Bravais, Rodolphe Chabrier, Philippe Sonrier et Martial Vallanchon – se rencontrent au milieu des années 1980 en formation audiovisuelle à Saint-Denis et expérimentent les derniers procédés d’incrustation vidéo et d’infographie, avec entre autres le système Gixi Image incluant le logiciel Imagix3D. Bien que ce système clé-en-main (le premier du genre développé en France) soit limité dans ses capacités techniques, les futurs Mac Guff vont très vite se l’approprier et commencer leurs premières expérimentations. Le travail parallèle de Rodolphe Chabrier en tant qu’assistant de production va amener ce dernier à rencontrer Fabrice Coat, le fondateur de la boîte de nuit parisienne Les Bains Douches. Venant tout juste de lancer sa nouvelle maison de production intitulée Program33, Coat est à la recherche de nouveaux talents en matière de création d'images ; le groupe est alors présenté au photographe et réalisateur Jean-Baptiste Mondino, mais aussi à Alain Burosse, directeur des programmes courts de la chaîne montante Canal+, ainsi qu’au designer Philippe Starck. C’est avec Mondino que les cinq amis travaillerons en 1986 sur leurs premiers décors numériques pour un clip musical, la vidéo C’est comme ça des Rita Mitsouko. Son succès apportera à l’équipe l’argent nécessaire pour fonder officiellement leur propre structure qu’ils nommeront Mac Guff Ligne.
 
 Après un film publicitaire pour Pier Import basé sur des dessins originaux de Hugo Pratt, Mac Guff reçoit une commande d’Alain Burosse pour Canal+. Toujours habitué à travailler avec Imagix3D, le groupe va tirer parti des contraintes techniques de leur logiciel pour développer rapidement La Vie des bêtes : chaque épisode se déroule ainsi dans un décor unique – conçu par Philippe Starck – et les personnages impliqués sont évincés de l’image, uniquement évoqués par les mouvements de la caméra en vue subjective et la bande-son. Seuls quelques accessoires indispensables à la narration sont animés à l’aide d’un logiciel d’interpolation mis au point par Thierry Bravais ; Imagix3D ne pouvant générer d’animation par lui-même, le logiciel supplémentaire permet de calculer la variation d’une pose à une autre non pas en déplaçant/déformant les polygones mais en les reconstituant image par image (technique déjà utilisée sur le film pour Pier Import).
 En dépit de ces moyens alors limités, Mac Guff a su créer une série dont la fraîcheur repose autant sur sa simplicité formelle que sur l’enthousiasme qu’elle dégage par les multiples possibilités que suggère l’image de synthèse encore émergente. Libérée des contraintes physiques, la caméra évolue librement, renouvelle son regard sur le petit monde imaginé par Starck et amène directement le spectateur à partager cette vision (et surtout à lui faire deviner de quel regard d’animal il s’agit avant la fin de l’épisode !).
 La Vie des bêtes sera récompensé en 1988 par le 3e Prix Pixel-INA de la catégorie Fiction à Imagina et par le Grand Prix du salon Parigraph dans la catégorie Œuvre Créative ; sa sélection au festival d’Annecy et au Siggraph lui vaudra également d’être repéré et diffusé sur MTV au Royaume-Uni ainsi que sur la chaîne japonaise NHK.
 
 Un grand merci à Philippe Sonrier pour le listing et le complément d’informations.
 
Liste des épisodes
| (liste dans l’ordre alphabétique) 01) L’Aigle
 02) L’Araignée
 03) L’Autruche
 04) Le Canari
 05) Le Chat
 06) La Chauve-Souris
 07) La Chèvre
 08) Le Chien
 09) Le Cochon
 10) Le Coq
 11) Le Criquet
 12) Le Dauphin
 13) L’Éléphant
 14) L’Escargot
 15) La Fourmi
 16) La Grenouille
 17) Le Hanneton
 18) L’Homme-singe
 19) Le Kangourou
 20) Le Lapin
 | 21) Le Lévrier 22) Le Loup
 23) La Mouche
 24) Le Moustique
 25) L’Otarie
 26) Le Paresseux
 27) Le Pingouin
 28) Le Pivert
 29) Le Poisson Rouge
 30) La Poule
 31) Le Poussin
 32) La Puce
 33) Le Serpent
 34) Le Singe
 35) La Souris
 36) La Taupe
 37) Le Taureau
 38) Le Termite
 39) La Tortue
 40) La Vache
 41) Le Zèbre
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Sources :Pierre Hénon, Une histoire française de l’animation numérique, EnsAD éditions, 2018.
 Cécile Welker, La Fabrique des "Nouvelles Images" : l’émergence des images de synthèse en France dans la création audiovisuelle (1968-1989), thèse de doctorat en Arts et sciences de l’art, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 2015.
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